Je me souviens, il était arrivé avec un lapin blanc. Une petite bête touffue de poils. Un museau rosé. Des gros yeux comme des billes noires. Il avait dit : « c’est une lapine, les filles. Vous allez apprendre la nature. » Et ma sœur avait trouvé ça mignon, cette bête touffue de poils. Moi je l’avais trouvée douce et minuscule.
Je crois qu’elle est venue pour m’aider à comprendre. Elle est apparue chez moi, elle courait dans ma pièce. Autant dire que j’ai sursauté en la découvrant. Le premier soir, j’ai même crié. Seule, assise sur mon canapé, le visage tourné vers elle : une souris minuscule. Pourtant, elle ne m’effrayait pas, elle était même mignonne objectivement. Son petit museau.
Mon éditeur m’offre cette page pour m’exprimer librement, sur le sujet de mon choix. Je pense d’abord à me présenter et l’idée de cette photo me vient. C’est un portrait de moi, certains jours, lorsque je suis éparpillée, close et que j’ai presque froid. Elle me dépeint assez bien, pas trait pour trait mais presque. J’écris parce que le mot est en moi.
Cette nuit, Henry s’est échappé de son bocal. Je m’en suis aperçue alors que j’étais déjà levée depuis un quart-heure à ranger l’appartement, et préparer mon petit-déjeuner. Une trace de bave sur un set de table m’a alertée sans que je valide intérieurement que c’était anormal. Puis j’ai vu le trou dans le plafond de son bocal.
Il y a. » C’est déjà un conte en soi, « il y a ». Et ce sont mes mots préférés. « Il y a », une invitation à rajouter ce qu’on veut, à imaginer des gens, une maison, une grange, un bœuf bourguignon trop cuit, dans une cuisine abandonnée, des couleurs qui piquent les yeux et des bruits de talons dans l’appartement du dessus. C'est comme Jacques-a-dit.